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Le muguet porte-bonheur ?

28 Avril 2017 , Rédigé par pascale

   Le muguet est une fleur hypocrite. Ce n’est pas un anthropomorphisme, un psychologisme de bas étage, même s’il faut sacrément se plier en quatre pour le ramasser, mais le terme s’appliquant à toute capacité à se présenter autre que ce qu’on est, est d’usage attesté en botanique. Ainsi, le Muguet de Mai (Convallaria majalis : il pousse en mai et dans les vallées) le joli muguet timide et candide est redoutablement toxique. N’ayons point d’arrière-pensées, de celles qui poussent dans les plates-bandes de nos jardins intérieurs, pour chercher à y voir la raison pour laquelle quand un Maréchal-nous-voilà changea le jour de la fête des Travailleurs pour celle du Travail, il intronisa définitivement le muguet, en lieu et place de l’églantine rouge. Rouge, rubiginosa. Rouge et sauvage. Car nous n'en savons rien. Mais lui non plus.

   Hypocrite - ποκριτής (hypokritēs) – convient au jeu de l’acteur qui se doit de n’être pas, sur scène, ce qu’il est quand il s’en éloigne, et l’inverse, ou au politicien peu fiable, contrefait, que cache l’habile orateur, tel est son sens premier. Le muguet peut tuer, en quelques instants, si vous croyez sa mine affable et le mangez, il s’attaque à votre cœur, non qu’il vous soit cordial, bien au contraire, il vous fait la peau, comme une fleur ! Ne pas le croire sur paroles, mais, comme le dit l’un des sens les plus anciens de l’hypocrite : de la nécessité de traduire, interpréter son jeu, le jeu de l’acteur. Paroles, paroles… Ne pas se laisser prendre pour des cloches, ni des clochettes, petite clochette devenant grande, peut nous filer le bourdon….

   Revenons à la douce églantine. Douce et révolutionnaire : ses piques, son fruit, le gratte-cul hyper vitaminé, parfait par les temps qui courent, où les poils à gratter ne sont pas là où on les croit. Et retour à l’hypocrite, à tout ce qui conte fleurette. Le muguet n’est plus si loin puisqu’il nous faudra bien troquer le bouquet rouge de la colère pour un brin, une brindille, une branchette, quelques clochettes...

   Fabre, le si bien surnommé d’Eglantine, homme de théâtre, acteur et dramaturge, en connait donc un rayon sur l’art de la représentation publique. De l’hypocrisie étymologique. Mais pas seulement, puisqu’il fut convaincu de manœuvrières actions qui lui valurent emprisonnement et tribunal. Et décapitation. Faux en écriture et corruption furent deux parmi d’autres des accusations dont il fit l’objet. Passons…. des broutilles ! On lui doit tant par ailleurs : il pleut, il pleut bergère…. le muguet du premier mai (en avant-première du ci-dessus maréchal) et le calendrier révolutionnaire qui le vit mourir en Germinal, c’est-à-dire à la saison où les fruits succèdent aux fleurs.

   J’ai beau tourner cela dans tous les sens, je me retrouve quand même un peu sonnée. Nous n’irons plus au boisLe Mai, le joli Mai disait Apollinaire… un brin défectueux sur l’hypocrite blancheur d’une fleur capable de nous mettre sous cloche, et sous terre, mine de rien. Entends-tu les clochettes tintinnabuler, qu’il chantait l’autre…..


 

 

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D
Deux merveilles que j'associe au Point de vue où la famille (maternelle) avait son jardin: le muguet rose et le lilas double. Moi j'étais de l'autre côté, de la forêt où le muguet était plus maigre le long du canal, jamais vraiment fleuri.
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P
mais si, c'est top, puisque ça fonctionne Françoise....
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P
je teste la réception des commentaires, car, en ces journées fériées deux au moins se sont perdus. Et ça, c'est pas top!
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