inactualités et acribies

Dédicace

3 Mars 2018 , Rédigé par pascale

  

Devant une photographie floue, on peut voir clair. La netteté est dans les mots, pas toujours dans les objets. Qu’on choisit, qu’on élit, qu’on éloigne, qu’on retient, qu’on affiche, qu’on impose, qu’on expose. A soi, dans des fouillis cadrés qui racontent les plus belles histoires. Un de ces encadrements remarquables me fit  grand effet, il y a peu. Tant les alignements et ce qui s’y pendait montraient le sens des choses.  Et l’usage du passé pour respecter ici la concordance des temps.

   Que faire d’un encreur, d’un tampon encreur, si par inadvertance ou par nécessité, arrivé à la table d’écriture, il sèche. Ou s’il ne répond plus aux attentes. Urgent. Travail accompli. Que sais-je encore ? des noms, des lettres, A-B… des chiffres, sûrement des dates ; tout peut arriver à qui se saisit d’un crayon, d’un stylet, d’un stylo qui saurait même nous remettre à niveau. Pas question de coincer la bulle, même si j’en connais un…mais ce n’est pas le sujet. Une autre fois, peut-être.

     Revenons à nos timbres dont l’alignement impose sa propre nécessité comme aurait dit Spinoza s’il avait vu celui-là. Il eût été enfantin, simplissime, à la portée du premier portable venu -transformé en téléphone à l’occasion- d’entrer dans sa mémoire photo/graphique binaire, l’image de ce moratoire sine die. La suspension du passé dans des encoches présentes au regard qui passe, et gagne à tous les coups encore un peu de mémoration, de commémoraison. Encore un peu. Car c’est ainsi que l’écrivain œuvre en son cabinet de singularités. L’incuriosité le fuit, et nous aussi.

    Du cabinet à la cabine, il nous suffira d’ôter le ‘t’ sans l’effondrer. Je n’aurais jamais assez de ferveur pour une langue qui pratique le principe de l’économie absolue en générant la profusion à l’infini –non, ce n’est pas un pléonasme. Donc, la cabine de l’écrivain comme un compartiment, une couchette, un isoloir. Quelle qu’en soit la taille. Il lui suffit d’y arrimer, d’y ancrer,  des objets comme des rébus, des reliques, des cartes, dont seul il a le dessous, pour révoquer l’ordinaire, le relever de ses fonctions acratopèges. Et au pan du mur d’une ballade des pendus d’un autre temps qui jamais ne s’efface, qui jamais ne se rend. Ni les pluies ni les vents mauvais jamais ne l’ont débuée, ni les heures, ni les saisons, l’insoumission inactuelle de sa parole. Occupant un logis de mots dont il a capturé l’évidence pour mieux s’en revêtir. Et nous aussi.

   Je regarde mais ne le sais pas encore, un geste d’opposition. Un détournement de sens avant l’heure, une anticipation dans le passé, une prolepse objectale, une objection prévisionnelle à l’existence de tampons encreurs personnalisés en ligne…. (en ligne !) virtuellement accessibles, réellement sans la moindre signification. Désespérément coutumiers. Au lieu de quoi, il s’est fallu qu’un geste menuisier, celui qui coupe le bois menu, et un désir pendable, me fissent, une fois de plus, une fois encore, relever le défi des choses au langage*.

*et toujours F.Ponge

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P
mais comme Ulysse qui dit 'partir' pense 'revenir'... Merci Denis pour tes fidèles passages, indication que tu n'es pas en voyage...
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D
Occuper un logis de mots, cabinet ou cabine. Voilà qui réveille le curieux et lui donne des idées de voyages! Merci Pascale.
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