De l'intérêt, ou pas, de son prénom.
Depuis toujours et même avant, cette semaine est la mienne où j'entends mon prénom égrainé au chapelet des jours ; un septuor, lundi, mardi… jusqu’à dimanche, pascal, augmenté de la veillée, de l’agneau et du chemin de croix, le monde entier est pascal. Urbi et Orbi.
En cette année maudite, la 20ème du siècle et même du millénaire, l’adjectif pascal est mis en sourdine, sous cloche, en-dessous de tout. Ne prenons pas de gants pour le dire, les œufs en chocolat, les poulettes qui vont avec, et les lapins pondeurs, vont demeurer en cage. Pour les fondus de truffes et autres crottes cacaotées, le bestiaire enchanté des gourmandises et la visite sanitaire — celle qui vous fait du bien — à son artisan préféré remisé est remise.
Ce n’est pas comme si l’on s’appelait Noël — ou qu’on ait eu quarante ans par temps de quarantaine. Le premier cas est une torture, un martyre, un calvaire : croiser son double mauvais, son sosie raté, son image défectueuse ; entendre son prénom à tous les coins de ronds-points et tous les magasins… en un mot comme en cent et en mille, il y a bien pire que les fêtes pascales pour en vouloir à ceux qui vous ont prénommé, pour leur satisfaction bien avant la vôtre. D’autant que je ne me plains pas, pas du tout, même si j’ai la certitude que la mode et la tendance ont fait bien plus en cette affaire, ou leur contraire, la recherche d’originalité, que la lecture des Pensées de Blaise, œuvre absente d’une bibliothèque familiale réduite à une étagère exclusivement chargée de Jules Verne, sous couverture rouge et tranche dorée. Un poids.
Retombons à nos confiseries — lesquelles viennent tout droit de l’art de confire ou de conserver. Dans du sel, ou du sucre. Aussi du vinaigre. Mais qu’on se rassure : tout ce qui est confit pouvant être déconfit, les confiseries en ces jours de déconfiture n’ont pas dit leur dernier mot. Car on appelle un confit, l’eau sure dans laquelle le chamoiseur* plonge les peaux minces. Mince alors ! vous m’en voyez toute quinaude. Chamoisage, foulage et corroyage font attelage : assouplir, étirer, dégrossir ou pétrir, tout l’art du malaxage qui convient, qui confine, aux préparations de conserve. Aussi au chocolat. Gardons l’idée. Éloignons le mauvais sort et les sorties mauvaises, et suspendons dans nos maisons des oscilles — n’hésitons point — des petits masques consacrés à Saturne. Ainsi faisaient les Anciens.
Défaut de chocolat pascal et toutes autres béatilles, ces menues viandes délicates garnissant les pâtés, pascals ou non. Enfermées, recluses, cernées. D’aucuns usent du même mot quand il s’agit de fruits. Ce qui arrange nos affaires culinaires, car enfin, nous revoilà du côté des confits, trois petits tours — dans le sucre. Sachez aussi, ce n’est pas tout, que les nonnes, confites en dévotion, qui font des petits ouvrages de rien mais de béatitudes, les appellent aussi des béatilles.
*les lecteurs deux-sévriens, il y en a, oui, oui, apprécieront, les autres apprendront là qu’en ce département ignoré de (presque) tous, la spécialité des peaux de chamois, fit, en son temps, aujourd'hui dépassé, sa réputation !