inactualités et acribies

La joie du contre-courant,

24 Juillet 2020 , Rédigé par pascale

                                                                       

                                                                     

                                      m’est un doux honneur et une fierté, auxquels ici je fais écho par ces brefs paralipomènes garrulants. Car je prends pour un compliment ce que le plus grand nombre nomme, juge et condamne comme un défaut, le contre-courant. Regardons-y de près, et soyons acharnés à en montrer les mérites et le tenir pour une qualité.

   Confondu dans la même sanction commune, le contretemps fait avec le contre-courant offense à l’opinion : il ne saurait y avoir de salut qu’en avançant devant soi. Pléonasme volontairement assumé mais aussitôt démenti : on peut, en avançant, se diriger dans le vide, dans le mur, chuter dans un puits, s’enfoncer dans des lises… il n’y a pas de rapport de causalité, ergo de nécessité, entre pro/gresser et progresser. Le premier, qui fait aller en avant, n’a aucune pro/pension à garantir que l’esprit, l’intelligence, l’intellect, la vertu, suivront. Il y a, en revanche, un certain mérite voire une fortitude certaine, à dénoncer cette contre-vérité. Car en suivant le cours, on peut s’y laisser entraîner et traîner avec soi, détritus, faluns et autres effondrilles qui, in fine, s’amassent tout autour. Et nager en eaux troubles.

   Le contre-courant n’a pas l’heur de seoir au plus grand nombre : il contrevient à ce poncif affligeant pour lequel « tout ce qui n’avance pas recule ! ». Cette plaie, cette scie et même cette sciotte, ne dit jamais où, vers quoi, ni quand, ni comment, ne voit pas que ce canard marche sans tête, et que le contretemps, le contre-pied sont à la danse, la musique et l’escrime, ce que le contre-courant est à la vulgate, la chance de sa respiration, ses inattendus et bienvenus aérage et ventilation tout ensemble, un rythme syncopé contrariant la mesure, l’enjambement du temps fort.

   Brefs paralipomènes, annoncé-je. Aussi brisons-là les prolongations. Le contrapunctique contre-courant, ou l’assurance de retrouver son chemin en remontant les cours, les fils et les parcours ; de n’être pas emporté par la foule ; de savoir où l’on met les pieds ; de retrouver l’émerveillement des sources. Aussi, je prends ce contre-courant avec fierté :

avancer à contre-courant avec Certain est une grâce.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article