ce que voient les mots
herbes mauvaises et marées de morte-eau
font refuge à la vouivre
aux roseaux de Moselle
je ne vois plus feufoleter les lucioles
*
le nuage a crevé
par la flèche épointée d’un mot jeté en l’air
*
les ciels fermés à double tour
à l’horizon plaintif l’encre devenue sèche
noyée dans ses maculatures
*
j’entends le chant du balafon
dans l’ombre cuivrée fragile
long bataillon sans fin
et les chapeaux couleur café
*
Les rocs croquent le sol de leurs crocs pénétrants
aux troncs des oliviers
l’ombre vernie soleilleuse du temps
avance à remotis
tout autour de la terre
*
longueur de l’eau que longe ma langueur
les vers fragiles d’un psylle charmeur de dunes
se prêtent aux ancrures et aux oaristys
*
dans la friperie de la mémoire
souvent je vois une théière bleue
et ses parfums de roses
décoiffer l’ordre blanc d’entre les mots
*
seule la beauté présente est belle
d’une plume en posant une goutte de lune
dans les plis du papier
*
et dessine derrière la blanche ligne
d’un avion bleu
l’étincelante lame d’acier d’un rêve