inactualités et acribies

une herbe qu'on ne peut oublier*

9 Mai 2019 , Rédigé par pascale

A peine quitté Clément Lafaille, voici que nous arrive un léger frémissement, un chuchotement, un tremblement de feuilles et de plume, un regard frôlé ; voilà qu’une aventure d’un temps qui ne dit pas son âge, c’est celui de l’enfance, nous est contée ; voici-voilà que le hasard bienheureux des éditeurs qui ne confondent pas lenteur et inaction, c’est même l’inverse ici, porte à notre porte et livre à notre lecture, un nouveau Denis Montebello, une miniature qui fait enluminure. Ou comment le souvenir du Bois l’Abbé et de ses tremblants se laisse attraper par les mots de l’écrivain devenu grand.

Ce qu’il faut d’assemblages pour bien tourner un bel ouvrage, ce qu’il faut chercher, prendre, trouver, cueillir et réunir du fond de sa mémoire qui joue à cligne-musette avec les souvenirs, cette part du passé un peu défleurie qu’il faut ravigoter en la trempant dans l’encre d’imprimerie ! verbe de la nécessité ou nécessité faite verbe, conjugaison d’un passé presque parfait, Les enfants comme les tremblants sont présents. Les enfants sont des tremblants. Ils savent se tenir au milieu des grands. Et même se faire oublier tout l’hiver, comme des fourmis précautionneuses. On ne sait pas, des gamins ou des bouquets, si ce qui s’écrit là doit être dissocié, ou plutôt l’on comprend, avançant dans les herbes folles d’un texte que l’on suit à la trace, qu’en écrivant nous apprivoisons la friche, ou le terrain vague et instruit des plaisirs écoliers vacants, vaquant sans le savoir encore dans leurs mémoires brouillonnes comme feuilles de cahier.

Les Tremblants. Un livre qui tient dans une lettre et raconte une image. Ce n’est pas courant. Il faut même expliquer un peu : les éditions Les petites allées aiment les beaux caractères, les typographiques et les talentueux. Aussi, après les avoir agencés, elles les impriment sur des presses de deux cents ans d’âge et cousent stricto sensu, des petits écrits de qualité qu’en glissant dans une enveloppe, vous pourrez même offrir.

Avec Les Tremblants c’est un herbier tout entier qui vous arrive, un herbier arrangé sans rime ni raison valables mesurées par les grandes personnes, sinon les grands-parents des années où le faux buffet Henri II faisait tabernacle pour un bouquet sacré, un sacré bouquet, un vosgien des Vosges. Il fallait bien un travail artisan, des maîtres-mains ouvrières pour façonner le petit temple profane d’une écriture engraminée aux terres qui longent la Moselle.

 

Denis Montebello, Les Tremblants, éditions Les petites allées, Rochefort. (200 ex.) 29 pages. (10,5 x 13). Avec et à partir d’une photographie de Marc Deneyer.

 

(*contrairement à ce qui est écrit p 22…)

 

 

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D
Heureux que les tremblants soient parvenus jusqu'à toi, et qu'ils te parlent. Et de ce que tu en dis. En voilà qui à peine nés ne craignent pas l'hiver.
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P
le mérite en revient à qui tint la plume au vent des Vosges et fit miroiter les feuilles...