d’une aube l’autre,
cette fatigue immense
qui me prend dans ses bras
*
les arcades de la place
soulignent leur regard
d’un joli trait de roses
*
les yeux au ciel
mes pieds patouillent
dedans leurs souliers crevés
je pluie toute l’eau du monde
*
un indécelable silence m’étreint
enlace mon non
à l’entour de mon cou
*
savez-vous
que les mots tus
font double jeu
*
l’île à l’heure frémissante
où le soleil s’enflamme
étend son désir fou
à fleur de peau de l’eau
*
l’enfant
attache des cils au soleil
son pinceau jaune
les farde de guingois
*
le sable mouillé
voit le monde à l’envers
depuis le centre de la terre
*
dans la fraction d’une seule nuit
cent morceaux de rêves à angles droits
bondissent
heurtant les ressorts
tic-tac-tic-tac
de l’horloge monotone
*
sur le sol gisait
le goût de nos amours gelées
ambres devenues ombres
repliées sous les branches
d’une forêt abstruse
*
un centon de plis de fronces
porté dans l’air
par une plume d’aronde
plus stable que le monde
draperie repoussée
petits points rouges cachottiers
*
je vais
promenant mon temps
courir derrière le troupeau des mots
je naufrage
par les vents mauvais malaxée
hier c’était encore l’hiVer
tout glissant de verglas au mitan de son nom
*
le cloître est toujours au soleil
même quand le ciel est gris
au pied de l’olivier
trop jeune et fragile des nudités d’hiver
*
le tambour lourd des tourterelles
déroule le long des pétales roses
ses ongles
aux doigts du poète