inactualités et acribies

Sans reprendre souffle.

3 Février 2023 , Rédigé par pascale

 

Aux pourpris de mon cœur l’est un ypréau blanc qui fait l’encre apâlir et sécher les étangs couvrir d’une invisible cendre la pointe des nuages d’où tombe un flocon bleu d’argile ou porcelaine — à peine. Crocheté à la lune dans la soirée d’un jour de soleil au midi éclaboussant la plaine, ce diamant aigle noir fiché serti d’une beauté tragique emplissée dans la froissure des mots. Les mots, essourdis de silence gagnaient les campanules ourlaient la plaine brune qui collait à la peau du monde. Il ne fallait pas être ni naître répondait l’écho — écrire seulement.  

D’une saison l’autre les pivoines ébaudissaient les roses tant épeurées au passage du terrible taranne dans le beau ciel grisé de traîne-misère. D’une mémoire l’autre le long du flanc saignant du volcan roulait un aride gravier enrobé de lave embrasant la mer incendiée les mains incandescentes les ombres alouvies les bouches affamées. D’un bord l’autre jusqu’aux confins jusqu’aux tréfonds jusqu’au bout du monde des cris aux crânes ponces creusaient de vertigineux cratères. A tire d’aile floribonde jusqu’à la fin des temps des ans des heures des peu des riens qu’on a pris pour le tout, restait la beauté blanche entre les mots sa diaphane présence invisiblement saisie par quelques seuls.

De l’arbre enfleuré albero infiore cueillir ombre et parfums, entendre son rire insolent risata spavalda plus triste encore que toute gaîté triste si belle pourtant qui a planté des vanilliers au pied de la muraille où nulle autre terre jamais ne pourra lever une telle beauté vernissée émaillée de pluie de brume dans le froufrou des feuilles le friselis des mots le frôlement du temps à deux doigts des paupières.

Sur la vitre close un paysage intérieur gribouillé un carré de verdure et son nuage blanc c’est un dessin d’enfant sans rime ni raison de trouver les mots qui jouent à cache-cache sur le dos des moutons tombent les pattes en l’air laissent les murmures éclater en plein vent saisir les bras radieux du soleil hurlante méduse ouroboros roulé à l’infini repeint en rouge ou en violet — peut-être. Barbouille les troncs de noir et tourne des tornades vives et jaunes dans les champs bleus de lin les chemins concassés parapets fracassés qui retombent en ruines. Laisser, surtout laisser l’âme morte de l’homme gris de cendres descendre en ses enfers. Je ne suis plus dépareillée de moi à la fontaine des joies simples et de l’inépuisable vibrato du tout.

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