des ombres et reflets
la lune a fait du ciel
un aimable cyclope
*
dans la neige
le sang des dieux
devenus fous
*
caillou caché cueilli aux rives du volcan
noyé sous l’eau brouillonnée à ses pieds
pierre noire et ponce et légère et fumante
*
une pluie vilaine
en ses longs sanglots longs
ravaude les poussières d’eau triste
en rideau monotone
*
si la vie pouvait sinuer
pour s’éviter
si belle serait sa mélodie
moins longue sa mélancolie
*
les brouillards bas
avalent leurs cotons
aspirent les limons
attrapent des moutons
courant courant au vent
*
il capture des lumières
pour les jeter aux loins
dans un arc de pluie
*
batelière
d’un fil
filandière embarquée
sa robe défroissée
*
les feuilles de l’ypréau
écrivent ligne à ligne
les pages blanches
de nos jours gris
*
des alucites bleues
dans mes mots se consument
goût de phyllade
lumières de gemmail
*
la cendre
sables salis aux feux de la terre
empoudrés sous le vent
mille et cent aiguilles de verre
et chagrins revenus et larmes en gélivure
tels des cristaux de sel au soleil de Sicile
*
fouettés par la foudre
les nuages en feu
riffaudent l’horizon
*
la prière des vivants
au souvenir des morts
tresse d’épais silences
à d’impassibles ténèbres
*
la simarre usée
de ses années croupies
ses velours cramoisis
aux bords des canaux
et des pavés vieillis
d’une ville élimée
*
soupendus pêle-mêle dans le bleu
les nuages rient
d’être à la première marche
pour sauter dans la Lune
*
mots du poète
mouettes en équilibre
au-dessus de l’estran